L’oreiller lui arriva en plein visage, le faisant basculer vers l’arrière. Ses cheveux glissèrent des baguettes qui les soutenaient en hauteur tandis qu’il s’écroulait contre le lit. Shiyou se laisse glisser sur le flanc, son rire si joyeux se répandant dans la pièce et chacun de ses amis s’empressèrent de se mettre à rire également. Le jeune garçon avait toujours été agréablement joyeux. C’était dans sa nature que de voir les choses positivement, aider les autres et les faire se sentir mieux. Parfois, on avait l’impression qu’il était égoïste car ses actions laissaient à désirer, motivées par son côté gamin atypique. Seulement, sous cette façade magnifiquement fraîche et maladroite, parfois, se cachait un garçon ayant mûri bien plus vite que son père n’aurait pu l’espérer.

Après s’être redressé sur ses genoux pour balancer l’oreiller vers l’un de ses camarades, Shiyou se redressa et replaça son pull large. Son sourire s’élargit lorsqu’il s’approcha du jeune étudiant qui l’avait tapé. Celui-ci afficha un air effrayé, se reculant à chaque pas que faisait son cadet. Shiyou leva les bras, presque menaçant, mais avant qu’il n’ait pu lui lancer l’objet, une demoiselle s’en mêla et vint lui chatouiller les côtes.

« Haaaaan… C’est pas du jeu, ça ! » S’exclama Shiyou en rigolant comme un bienheureux.

Se passant une main dans les cheveux, Shiyou se rendit vers la porte puis salua ses copains, se rendant par la suite vers la cafétéria. Celle-ci était peu remplie vu l’heure. Il entendit néanmoins parler de deux ou trois types que Shiyou détestait et qui auraient, semblait-il, fait tomber leur colère sur un nouveau. Serrant doucement les poings, sourcils froncés, l’adolescent se retint d’aller jeter les crétins qui rigolaient par la fenêtre. Après tout, il y avait peu de chance qu’il arrive à ne serais-ce que les égratigner. Dans un long soupir, le gamin prit une clémentine dans un panier et remonta les escaliers, cherchant un endroit où se reposer un peu.

Tirant sur les manches de son pull à cause d’une petite fraîcheur qui venait d’une fenêtre ouverte dans la salle de musique, Shiyou monta une nouvelle volée de marches avant de trouver un endroit paisible. Il avait des devoirs à faire et ce serait l’endroit parfait pour ça. La main contre la ganse de son sac, il poussa doucement la porte de la salle de repos en chantonnant une mélodie qui n’était pas sans rappeler un groupe de musique populaire et controversé. Il avait de nombreuses fois joué cette chanson à la batterie et il adorait… Rien ne pouvait mieux l’aider à se défouler que de taper un grand coup et défoncer sa charleston sous la vitesse de frappe nécessaire. Perdu dans ses pensées, il n’avait pas vu la silhouette allongée sur le canapé et passa à deux cheveux de… s’asseoir dessus.

« Oups ! Pardon… »

Son sourire s’éteignit lorsqu’il remarqua l’état dans lequel le garçon était. La conversation qu’il avait entendu auparavant lui revint en tête et il s’accroupit près du jeune homme, les bras croisés contre le matelas, le regard brillant d’inquiétude. Que devait-il faire dans une telle circonstance ? Bon, d’abord, il fallait l’emmener à l’infirmerie ! C’était impensable qu’il reste là, comme ça, à souffler difficilement sous le poids de ses côtes qui avaient dû en prendre une, deux, voire beaucoup plus. Déposant une main contre la tête de l’étudiant, Shiyou parla d’une voix très douce :

« Hey… »

Il lui caressa légèrement les cheveux, comme pour le sortir de son état de repos, puis se redressa un peu, les sourcils doucement froncés : « Il faut que tu ailles à l’infirmerie. » Son ton était sans réplique, dans le sens où l’inquiétude de Shiyou semblait se multiplier à vue d’œil. Il passa une main dans ses longs cheveux et les attacha avec un élastique trouvé dans sa poche.